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Valladolid littéraire

Valladolid littéraire

La seule maison de Cervantes qui se conserve

Tan inmortal como El

Aussi immortel qu’El Quijote ainsi est l’empreinte que Cervantes a laissée à Valladolid. C’était la capitale de la Cour quand l’écrivain vint au numéro 9 de la rue du Rastro, information vérifiée grâce au triste assassinat de Gaspar d’Ezpeleta -ce qui coûta à Cervantes une nuit derrière les barreaux, ceci dit, en qualité de témoin- Dans l’actualité, c’est le Musée-Maison de Cervantes, l’unique maison d’origine du manchot de Lepanto qui se conserve en Espagne. C’est ici qu’il commença la deuxième partie d’El Quijote et qu’il écrivit plusieurs Nouvelles Exemplaires.

Sur le mur qui le sépare de la rue Miguel Íscar, il y a six plaques avec les textes suivants : « Au Duc de Béjar…des localités de Capilla, Curiel et Burguillos » (dédicace de Don Quijote de la Mancha) « …je vous conterai une romance de… quand la Reine… se dirigeait à la messe d’accouchement et alla à San Llorente » (La Gitanilla), « …je donnai la présente à Valladolid, à vingt jours du mois de décembre de mille six cent quatre » ( taxe pour Don Quijote), « je sortais de l’Hôpital de la Résurrection, qui se trouve à Valladolid, hors de la Porte du Campo… » (El casamiento engañoso), « C’est pourquoi elle sera célèbre / de Henares à Jarama, / du Tajo à Manzanares / du Pisuerga à Arlanza » (Don Quijote de la Mancha) et « Allons à la jeter pour nous recréer la vue » (El coloquio de los perros).

Certains décors de Valladolid qui apparaissent dans ses nouvelles sont, comme nous le rappellent ces plaques, le disparu Hôpital de la Résurrection dont nous conservons la façade (dans la cour même du Musée). La mentionnée Porte du Campo, est de plus, le point de rencontre que fixent Avedaño et son précepteur, dans L’illustre fregona. Dans cette œuvre, il mentionne aussi les fontaines d’Argales. « San Llorente » est l’église de San Lorenzo, comme est indiqué sur la plaque et dans La Gitanilla.

L’Esgueva apparait dans Viaje al Parnaso, mais c’est le Pisuerga qui est mentionné jusqu’à trois fois : dans El Coloquio de los perros, dans La Galatea et dans El Quijote.

« Je ne vous demande pas cela, mais quel est le meilleur lieu : Valladolid ou Madrid ?, et il répondit : De Madrid, les extrêmes ; de Valladolid, les milieux. Je ne vous comprends pas, répéta celui qui le lui demandait. Et il dit : De Madrid, le ciel et le sol ; de Valladolid, les entresols » : ainsi parlait-il de la ville, le manchot de Lepanto dans El Licenciado Vidriera.

Valladolid a rendu de nombreux hommages à Cervantes, comme la statue de la place de l’Université (déplacée de son site original, la maison de l’écrivain, à la fin du XIX siècle) ou plusieurs plaques qui nous guident vers les coins les plus liés à Cervantes, dans trois décors choisis par l’illustre littéraire pour situer certaines de ses nouvelles : la Casa Mantilla, l’Église de San Lorenzo et le Puente Mayor.

 

 

Derrière les traces de Zorrilla

¿No es cierto, ángel de amor, que en esta apartada orilla más pura la luna brilla y se respira mejor? L’auteur des vers les plus célèbres du Romantisme vint au monde dans l’actuelle maison-musée de Zorrilla (rue Fray Luis de Granada) le 21 février 1817.

Dans cette maison, aujourd’hui ouverte au public, il passa les premières années de son enfance, bien qu’avec ses parents, ils déménagèrent rapidement – son père, un rapporteur de la Chancellerie Royale, de moral rigide et conservatrice, et une femme excessivement pieuse- à Burgos et à Séville. Cependant, il revint pour s’inscrire à l’Université de Valladolid (l’actuel bâtiment historique de la Uva), non pas pour aller en cours…il démontra beaucoup plus d’intérêt pour le dessin, la littérature et les femmes. À cette époque, apparait son penchant pour Alexandre Dumas, Victor Hugo ou Espronceda.

Le poète qui savoura vite le succès comme homme de lettres, démontra sa sympathie pour la ville dans ses œuvres telles que Recuerdos de Valladolid, une légende que Zorrilla situa dans le Campo Grande, où a lieu un triste duel à mort. La même sympathie avait pour lui la Mairie de Valladolid, qui le nomma Chroniqueur de la ville en 1884. Il mourut à peine quatre ans après avoir reçu cette distinction, le 23 janvier 1893, à l’âge de 76 ans, après une opération pour lui extraire une tumeur cérébrale. En 1902, on honora enfin sa dernière volonté et son corps fut transféré au Panthéon des Personnes Illustres de Valladolid, dans le cimetière du Carmen de Valladolid, où il repose actuellement.

La ville lui a dédié des hommages sincères, comme la statue qui le représente, entouré de ses muses, sur la place qui porte son nom (inaugurée en 1899). On lui a dédié aussi une avenue, artère principale de Valladolid ; le stade, un théâtre ou un lycée d’enseignement secondaire.

 

Le souvenir de Delibes

L’œuvre de Miguel Delibes représente un hommage continuel à la région de Valladolid. Sa campagne, ses pinèdes et ses villages sont systématiquement évoqués dans des récits où est démontré son dévouement envers le monde rural. Cependant, sa carrière réalise un tournant inespéré vers le roman historique avec El Hereje (Prix National de Narration) où il recrée Le Valladolid de la cour de Felipe II et l’obscure époque de l’Inquisition.

La dite « ruta del Hereje », en honneur à ce roman, parcourt les enclaves les plus importantes de la ville au XVI siècle. Plusieurs plaques commémoratives nous guident dans une promenade littéraire aux profondes racines historiques ; N’oublions pas que l’histoire tourne autour des deux autodafés qui se célébrèrent en mai et octobre 1559.

Nous nous introduisons dans le Valladolid de la cour, de la main de Cipriano Salcedo. Il vient au monde en 1517 près de la place de San Pablo, épicentre de la vie politique de cette époque. Aux alentours de la place, Delibes représente le monde des avocats –à travers Ignacio Salcedo, juge de la Chancellerie Royale, comme nous le rappelle une place dans le Palais du Licenciado Butrón sur la place des Brígidas- et des nobles et riches commerçants –sur la place de Fabio Nelli.

Nous trouvons cette place qui est la place de la Trinidad. Le texte nous informe que l’Hospice de la ville y était situé à l’époque .cette institution qui dépendait de la confrérie de San José au XVI siècle, se chargeait des Enfants Orphelins, lieu où étudia Cipriano Salcedo. À proximité, se trouvait le quartier des Juifs de Valladolid, lieu où les Salcedo installèrent leur magasin de laines, commerce d’exportation qui détermina sa prospérité économique et son contact avec les courants luthériens qui venaient des Flandes.

Converti en « hérétique », Cipriano devient disciple d’un personnage historique, le Docteur Cazalla. Sans quitter l’ancien quartier juif, nous trouvons le couvent de Santa Catalina, des religieuses dominicaines impliquées dans le procès contre ce prédicateur, ou encore la chapelle des Comtes de Fuensaldaña, de nos jours, une partie du Musée Patio Herreriano où fut enterrée sa mère, Mme. Leonor Vivero. Dans la rue actuelle du Docteur Cazalla se trouvait la maison de madame Leonor, épicentre des réunions clandestines que son fils organisait.

La dernière étape du roman aborde les grands autodafés, fidèle à l’événement historique. Les condamnés arrivaient à la cérémonie, célébrée comme une festivité de plus, sur la Place du Marché, de nos jours la Plaza Mayor. Ils étaient vêtus d’un bonnet sur la tête et d’une casaque de condamné. À la fin, les détenus pénitents retournaient à la prison et les autres étaient transportés sur des mules à travers la rue Santiago – faisons une halte devant l’église où le docteur Cazalla prédiquait chaque vendredi- au « bûcher de la ville » (place Zorrilla), à l’extérieur de la ville où ils affrontaient le garrot ou alors étaient brûlés vifs. À la fin de l’acte macabre, les cendres étaient ramassées et dispersées pour effacer toute trace de ceux que l’Inquisition avait condamnés.

Valladolid maintient la mémoire de Miguel Delibes vivante. Non seulement à travers le circuit de l’Hereje, qui s’est consolidé comme un parcours historique offert habituellement par l’Office de Tourisme, mais aussi avec un centre des congrès moderne et un auditorium qui porte son nom. Sa maison natale, au numéro 12 de la rue Acera de Recoletos, arbore une place qui représente un cognassier et rappelle une de ses phrases : « je suis un arbre, qui pousse là où on le plante ».

 

L’origine d’un affrontement historique

« Il était une fois, un homme collé à un nez » c’est sans doute, la phrase la plus rappelée de la confrontation entre Góngora et Quevedo. Saviez-vous que cette inimité se forgea à Valladolid ? C’était l’année 1601 quand un jeune Franscico de Quevedo, âgé de 21 ans, s’inscrivit dans son Université. Il y écrivit ses premiers poèmes sous le pseudonyme Miguel de Musa –quelques-uns tels que, « No fuera tanto tu mal », dédiés à la ville- son célèbre « Poderoso caballero es don dinero » et son seul roman, « El buscón ». Il y commença aussi à parodier le poète de référence de l’époque, Góngora, qui âgé de 42 ans, s’installa dans une Cour qui comme il le narre si bien dans son texte « Valladolid, de lágrimas sois valle », ne lui plaît. Les diatribes poétiques qui circulaient dans la ville de l’Esgueva et leurs amusantes lectures dans les auberges, accentuèrent la dispute entre l’écrivain consacré et l’étudiant ingénieux, qui devint l’affrontement le plus connu du Siècle d’Or.

Valladolid, ville de lettres

La relation entre la ville et la Littérature a toujours été très étroite. Ici est née Rosa Chacel, qui parcourt les rues de Valladolid dans « Memorias de Leticia Valle », hommage que lui rend sa ville avec une statue qui la représente, située dans le Campo Grande. Le jardin romantique par excellence garde aussi le souvenir de deux personnages illustres de Valladolid, à travers deux bustes : le dramaturge Leopoldo Cano et le poète Nuñez de Arce.

En dehors de ce paisible espace les souvenirs se répètent pour d’autres auteurs nés dans la capitale du Pisuerga : le poète Jorge Guillén (avec sa plaque dans la rue Constitución et une sculpture, signée par Chillida, sur le côté du Musée National de Sculpture), le poète, journaliste et membre de la RAE, Francisco Javier Martín Abril (plaque au numéro 16 de la rue López Gómez), le déjà mentionné Nuñez de Arce (la maison où il vint au monde, dans la rue homonyme, en témoigne)ou encore, le poète Emilio Ferrari ( une plaque une plaque rappelle le lieu de sa naissance, dans la rue qui porte son nom).

Nombreux sont les littéraires qui ont remarqué notre ville. Des classiques comme Cervantes ou Quevedo, le romantique irremplaçable Jose Zorrilla ou, à l’aube du XX siècle, l’italien Leonardo Sciascia, pour qui « …Valladolid est une belle et vieille ville où je serais resté pour toujours… », comme le rappelle le texte gravé dans la place du Palais de Santa Cruz.

Il se peut que vous ayez lu certains livres dont l’histoire se situe à Valladolid, comme certains signés par Francisco Umbral (entre autres, La capital del dolor) ou par Gustavo Martín Garzo (comme Las historias de Marta y Fernando, Prix Nadal), ou encore un des derniers succès de vente de facture espagnole, Memento Mori, de César Pérez Gellida. Si vous aimez le roman historique vous pouvez plonger dans le Valladolid des courtisans avec des livres tels que María de Molina (Almudena de Arteaga), La corte de los ingenios (Ignacio Martín Verona), Los ojos de Dios (Rafaela Cano), El Castillo de diamante (Juan Manuel de Prada)…

Comme note finale, nous remarquons un curieux récit écrit par Anthony Burgess (l’auteur de La naranja mecánica) qui imagina une conversation entre Cervantes et Shakespeare sur les rives du Pisuerga. Le texte, Encuentro en Valladolid, est inclus dans le livre de récits The Devil’s Mode.

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